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"Il est grand temps que le ministre de la Justice prenne nos préoccupations au sérieux."

REVUE DE PRESSE. Également au dernier mois de 2022, l'UPTIJ a attiré l'attention des médias sur la situation des traducteurs et interprètes jurés. Des articles publiés dans la presse francophone, néerlandophone et germanophone à la suite des efforts de l'Union Professionnelle des Traducteurs et Interprètes Jurés.

Dans la dernière semaine de travail avant les vacances de Noël, l'Union Professionnelle des Traducteurs et Interprètes Jurés a poursuivi son élan de novembre pour mettre en lumière la structure tarifaire et les conditions de travail peu attrayantes des traducteurs et interprètes jurés.

Le 21 décembre 2022, l'article "Les interprètes jurés sortent de l'ombre et dénoncent leurs conditions de travail" est paru dans La Libre Belgique. Dans cet article étoffé, la présidente et le porte-parole de l'UPTIJ, ainsi que l'un de ses membres, ont saisi l'occasion de soulever quelques questions que tout interprète qui effectue des missions auprès des tribunaux et de la police reconnaîtra : le tarif d'attente et de prestation excessivement bas, la facturation des services à la minute, le fait de devoir se garder libre pendant plusieurs heures alors qu'en cas d'annulation, on ne se retrouve qu'avec un maigre 37,38 euros brut ... L'UPTIJ a également pointé du doigt la diminution des crédits prévus pour les frais de justice en matière pénale pour 2023 par rapport à 2022.

 

Un jour plus tard et poussé par l'actualité (la laborieuse recherche de " personnes parlant finnois " pour le procès des attentats), l'UPTIJ a de nouveau tiré la sonnette d'alarme sur le manque criant de traducteurs et d'interprètes à la Justice. Le communiqué de presse à ce sujet (*) a été repris avec ardeur dans la presse néerlandophone et dans le seul quotidien germanophone du pays, le GrenzEcho du 23 décembre 2022.Het Nieuwsblad, 22.12.2022

 

Het Nieuwsblad, 22.12.2022

Bruzz, 22-12-2022

Het Laatste Nieuws, 22-12-2022

 

Les 22 et 23 décembre 2022, plusieurs médias ont révélé des informations confirmant les problèmes, notamment que les transferts entre prisons et tribunaux, voire entre cellules du palais et salles d'audience, posent quotidiennement des problèmes depuis des mois. Ces problèmes de transfert, qui portent atteinte aux droits de la défense, sont désormais systématiques, a indiqué la chambre du conseil de Bruxelles.

Le 23 décembre 2022, des avocats et des interprètes ont témoigné devant la caméra de BRUZZ dans le cadre d'un reportage sur le constat que, ces derniers mois, il est devenu de plus en plus difficile de faire assister un suspect à son propre procès. Le porte-parole de l’UPTIJ a également témoigné devant la caméra de la grande frustration des interprètes lorsqu'ils ont bloqué leur agenda une demi-journée pour rien. 

Les 22 et 23 décembre 2022, il est également apparu clairement que le cabinet du ministre de la Justice n'a que peu de regard sur ce qui se passe au moins dans le palais de justice de Bruxelles. Pour rappel, le 7 décembre 2022, le ministre de la justice avait encore déclaré au parlement : "Il n'y a pas de problème structurel avec les transferts de détenus vers les tribunaux." Ceci après que le porte-parole de l'UPTIJ ait déclaré dans le quotidien "Het Laatste Nieuws" du 8 novembre 2022 : "Le système de paiement actuel n'est plus tenable dans la pratique. Ces dernières semaines, pour toutes sortes de raisons - des problèmes dans les prisons, par exemple - presque aucun détenu n'a été transféré au tribunal. Mais nous gardons une matinée entière de libre pour cela."

 

(*)  "Il est grand temps que le ministre Van Quickenborne prenne nos préoccupations au sérieux"

L'Union Professionnelle des Traducteurs et Interprètes Jurés (UPTIJ) tire la sonnette d'alarme sur le manque criant de traducteurs et d'interprètes qui se fait sentir à la Justice. "De nombreux interprètes et traducteurs évitent la justice et la police comme clients. Les affaires juridiques sont retardées en conséquence", explique Henri Boghe, attaché de presse. C'est tellement problématique que pour les litiges judiciaires, il suffit apparemment de parler une langue, il n'est même plus nécessaire d'être un interprète qualifié." Les associations du secteur de la traduction et de l'interprétation demandent à s'asseoir ensemble à la table. "Il est grand temps que le ministre Van Quickenborne prenne nos préoccupations au sérieux", disent-ils.

'Moquerie de la profession'

L'Union professionnelle des traducteurs et interprètes jurés (UPTIJ) n'est pas satisfaite de la manière dont la Justice gère les interprètes jurés. "Récemment, certains collègues se sont vu demander s'ils ne connaissaient pas quelqu'un qui parle finnois, il ne doit même pas s'agir d'un interprète certifié", a déclaré à Belga Henri Boghe, attaché de presse. "Cette façon de travailler est une moquerie de la profession."

Le greffe du tribunal de première instance francophone de Bruxelles a envoyé mercredi un courriel à plusieurs interprètes indiquant qu'il recherchait trois personnes parlant finnois pour la période du 3 au 6 janvier. "Tout indique qu'il s'agit d'interprètes pour le procès des attentats", peut-on lire dans un communiqué de presse de l'UPTIJ. "Que des personnes au sein de la Justice pensent que pour interpréter il suffit de savoir parler deux langues est une moquerie de la profession d'interprète et de tous les efforts de professionnalisation au sein de la justice depuis 2014. Le fait qu'ils le fassent, en outre, dans le cadre d'un processus aussi étendu est une honte pour tous les responsables qui ont grossièrement sous-estimé l'aspect de l'interprétation."

L'organisation professionnelle demande que la profession de traducteur et d'interprète juré soit revalorisée et rendue plus attractive. "C'est une vieille plaie ; à la Justice, il y a des problèmes pour trouver suffisamment d'interprètes depuis bien plus longtemps", dit Boghe. "Les tarifs lamentablement bas et les prestations facturées à la minute font que de nombreux interprètes et traducteurs évitent la Justice et la police comme clients. En conséquence, il y a une grave pénurie d'interprètes. Ceux qui le font sont débordés. Les affaires judiciaires sont souvent retardées parce qu'il y a trop peu d'interprètes disponibles. Parfois, ce problème est résolu en ne laissant tout simplement pas la parole au client. Il est grand temps de rendre la profession plus attrayante."

Selon l’UPTIJ, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD) avait indiqué dans sa note de politique générale au début de l'année [2022] qu'il souhaitait rendre la fonction plus attrayante, mais ces derniers mois, il est apparu clairement que les choses ne changeront guère. "Au contraire, l'année prochaine, la Justice veut réduire encore plus les coûts de fonctionnement alors qu'il y a une indexation de 10 %. Si cela continue, nous craignons de revenir à la situation de 2014-2019. À chaque fois, l'argent était déjà épuisé en septembre, et les interprètes, entre autres, devaient attendre jusqu'en février pour être payés."

Il n'y a pratiquement pas d'interprètes jurés disponibles

La pénurie d'interprètes est un vieux problème. Le secteur de la traduction et de l'interprétation a averti à plusieurs reprises que les interprètes et traducteurs jurés pour plusieurs langues de l'UE telles que l'estonien, le finnois, le letton, le lituanien et le slovène ne sont guère disponibles, voire pas du tout. Les forces de police de Bruxelles et de ses environs ne trouvent guère non plus d'interprètes français-anglais.

Le Conseil supérieur de la Justice a déclaré dans un mémorandum de 2019 que beaucoup d’affaires judiciaires prennent retard parce qu'il faut faire appel à des experts et des interprètes, qui ne sont pas toujours disponibles ou ont une charge de travail trop lourde. "Et cela dans une ville où, en raison des nombreuses institutions internationales, il y a plus d'interprètes au kilomètre carré que partout ailleurs dans le monde",  a déclaré M. Boghe..

 

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