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Des mesures d’austérité qui viennent alourdir l'ardoise de la Justice

Invitation de presse du 6 septembre 2016

L’Union professionnelle des Traducteurs et Interprètes assermentés avait déjà fait état du nombre croissant de traducteurs et interprètes assermentés qui ne voulaient plus compter la Justice parmi leurs clients. Avec le temps, cela aboutit à une sérieuse pénurie d'interprètes et traducteurs assermentés disponibles, tant pour les langues dites « exotiques » que pour les langues européennes plus courantes. Aujourd'hui, nous invitons la presse à découvrir les situations surréalistes engendrées par l'excès de zèle à réaliser des économies dans le domaine de la Justice. 

En dépit des signes clairs précédents (la difficulté de trouver des interprètes jurés avait déjà abouti à la libération voire l'acquittement de prévenus) le cabinet Geens n'est toujours pas conscient de la réalité quotidienne au sein des palais de justice et des commissariats. La déclaration du porte-parole du ministre de la Justice faisant suite à nos critiques du mois de juillet sur « l'actualisation des tarifs » selon laquelle « la diminution tarifaire pour les langues exotiques est due au fait que nous avons désormais suffisamment d'interprètes et traducteurs dans ce créneau et parce qu’ils étaient, jadis, surpayés pour leur travail », est, en effet, amèrement contredite aujourd'hui. Pour une cause traitée devant la 60ème chambre du tribunal correctionnel néerlandophone de Bruxelles la semaine dernière, le Parquet n'a pas été en mesure de trouver un interprète néerlandais-arabe. À Bruxelles, capitale européenne de l'interprétariat, siège des institutions européennes et autres organismes internationaux. 

En désespoir de cause, le Parquet a décidé d'adopter une solution de secours et c’est ainsi qu’aujourd’hui, à 14.00 heures, un interprète assermenté traduira les discours de la langue arabe vers la langue française et vice-versa, lequel interprète sera assisté d'un interprète assermenté français-néerlandais, les deux fonctionnant en binôme plurilingue. Cela complique davantage le travail car l’emploi de deux interprètes durant les audiences prend, en effet, plus de temps puisque tout est traduit deux fois, sans parler du risque accru de perte de certains fragments de discours. 

Les tarifs désespérément bas appliqués par la Justice, la non-indexation des tarifs depuis 2013 et les retards de paiement font qu’un nombre toujours plus important d'interprètes et traducteurs ne veulent plus travailler pour la Justice. Le fait de sous-estimer ce problème et de devoir, ensuite, chercher des solutions de secours pèse encore plus lourd sur les finances de l'État et de la société. La Justice doit désormais payer les prestations et les frais de déplacement de deux interprètes au lieu d'un seul. 

Une telle « solution de secours » est, une fois de plus, révélatrice du caractère discriminatoire de la structure tarifaire actuellement en vigueur : un interprète néerlandais-français en matière pénale facture ses honoraires à 34,05 euros brut par heure tandis qu’un interprète en langue arabe applique le tarif de 53,08 euros par heure. 

Nous vous invitons à assister à cette audience publique qui se tiendra dans la salle 01.1 du Palais de Justice au n° 1 de la Place Poelaert à Bruxelles, le 6 septembre 2016. A la conclusion de l'audience,  vous aurez la possibilité de recueillir une interview de José Emmanuel D'Hoore, président de l'UPTIA. 

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